A la découverte des faïenceries - Dimanche 23 avril 2023.

En ce matin de printemps, quinze vieilles dames, dont une 2 CV, une DS et treize Traction, font route vers Sarreguemines. Pour cette première sortie de l’année, Jean-Pierre et Nicole nous ont concocté un joli programme : deux visites commentées à l’issue desquelles nous serons incollables sur le riche patrimoine faïencier de Sarreguemines.

A l’arrivée, notre guide nous accueille pour la visite du Musée de la Faïence, au sein des anciens appartements de Paul de Geiger, directeur emblématique des faïenceries. D’emblée, nous sommes éblouis par la magnificence des œuvres qui ornent ce lieu.

En guise d’introduction, elle relate l’histoire du site qui voit le jour en 1790 grâce à l’initiative de Nicolas-Henri Jacobi et deux associés qui installent une petite faïencerie sur les bords de la Sarre, l’endroit idéal pour la réalisation de leur projet.

Au fil du temps, grâce au génie et au travail des hommes, la production s’améliore et se diversifie.

Ainsi, sous l’impulsion de Paul Utzschneider, puis d’Alexandre de Geiger et de son fils Paul, véritables hommes-orchestres, la manufacture se développe et rayonne rapidement au-delà de nos frontières.

Dès le 19e siècle, elle propose au monde entier une vaste collection de céramiques magnifiquement décorées : vases - fresques murales - fourneaux - services de tables raffinés … Vers 1875, la création de la majolique, faïence fine recouverte d’une glaçure colorée, accroit encore la renommée du lieu.

C’est alors l’une des faïenceries les plus prospères d’Europe avec plus de 3000 ouvriers. Et, malgré l’annexion allemande (1870-1920), son activité s’amplifie grâce à la création de filiales situées en territoire français (Digoin– Vitry-Le-François).

Cependant, les difficultés inhérentes au 20e siècle (guerres - concurrences - revendications sociales) diminuent son aura. Dirigée par divers actionnaires, elle est, en 1979, achetée par le groupe Lunéville – Badonviller – Saint Clément. En 1982, elle prend le nom de Sarreguemines Bâtiment et produit uniquement des carreaux de faïence.

Confrontée à la dureté de la concurrence, elle ferme ses portes en 2007. Toutefois, ses services de table les plus connus (Obernai – Agreste – Papillon) sont toujours produits par l’usine de Saint Clément.

Ensuite, notre guide nous fait découvrir le dernier four faïencier de Sarreguemines. Rescapé d’une trentaine de fours construits entre 1860 et 1862 sur la rive gauche de la Sarre, il est abrité sous un cône de 11 mètres de hauteur. Pour une cuisson de 70 heures, il fallait enfourner 9 tonnes de houille ! Précieux témoin de la révolution industrielle, il permet d’entrevoir la pénibilité du travail de l’époque.

Retournés sur les lieux du musée, nous découvrons les riches collections de céramiques, témoins de la diversité de la production en matière de décoration et d’art de la table (faïence - grès - porcelaine) ainsi qu’une superbe collection d’objets des 19e et 20e siècles. A l’étage, le Jardin d’Hiver construit en 1880 à l’initiative de Paul de Geiger est la pièce maîtresse du musée, classée monument historique.

Comme ces découvertes ouvrent l’appétit, les équipages reprennent la route pour se rendre « Chez Léon ».

Après le déjeuner, notre guide nous attend pour la visite du Moulin de la Blies, siège du Musée des Techniques faïencières depuis 1998. C’est un ancien moulin à cailloutage sur l’affluent de la Sarre, actif de 1840 à 1969. Autrefois, lieu de fabrication des pâtes pour la réalisation des faïences, il présente une collection de pièces ainsi qu’une exposition sur les techniques employées que nous commente notre guide.

Aujourd’hui, la faïencerie de Sarreguemines n’est plus mais ses musées sont la mémoire vivante d’une industrie de renommée mondiale durant près de 200 ans.

La journée tire à sa fin et nous avons plaisir à déambuler dans le Jardin des faïenciers qui jouxte le moulin. Il évoque les sources d’inspiration des artistes sarregueminois. Ici, les rosiers, les tulipes tutoient les lys et les pivoines pour le plaisir des promeneurs.

Vers 17 heures, les amis tractionistes se quittent et regagnent leurs pénates.

Merci à Jean-Pierre et Nicole pour cette agréable sortie, et merci à notre guide qui nous transmit, avec passion, ses connaissances sur ce fleuron du patrimoine mosellan.

Marie Daffini